roman,Les crimes des esquisses ,chapitre 1
Chapitre 1
Le miroir
«
Seul le moment compte, le reste est passé ou compromis, l’avenir une totale
incertitude. »
Serge
Joncour, L’amour sans le faire
Deux
mois plus tôt,
Par une nuit froide et peu éclairée, une
voiture sombre roulait sur une petite route de campagne, sur les terres du
Beaujolais. L’asphalte vide sinueuse et blanche se distinguait à peine, le
voile gris du brouillard avait envahi le coin encore endormi. Le paysage autour
était désert, pas une âme qui vive, pas un bruit seul le silence de la
petite nature dénudée demeurait le temps d'un hiver. Soudain, un véhicule se
gara sur le côté, les phares allumés, le poste de musique continu de tourner sur
une chanson des années 70. Une silhouette descendit de la voiture, vêtue d'un
long manteau sombre la tête recouverte d’un chapeau noir. Etait-ce un homme ou
une femme, la confusion était grande à cause du brouillard. La question
demeura en suspens, la silhouette devenue une ombre dans le noir, s’éloigna de
la carrosserie laissant une femme côté passager marmonnant un discours incohérent.
L’inconnue abandonnée pouvait à peine bouger son corps. Elle sentait une
lourdeur accompagnée de fourmillements dans ses mains. Ils se manifestèrent progressivement
surement provoqués à la suite de ses blessures. On pouvait observer un petit
bracelet en or à son poignet droit. Ses longs cheveux blonds cachaient son visage
en sang. Le téléphone sonna, elle attrapa son smartphone du bout des doigts
avec peine toute en sueur. Lentement mais surement elle s'installa sur le siège
conducteur. Au téléphone elle marmonna « Reviens, j'ai la tête qui tourne ne
me laisse pas seule. » Le téléphone tomba , ce fut les derniers mots de la
jeune femme avant que la voiture ne tardât à s'écraser contre un poteau, laissant
inerte et vraisemblablement sans vie.
Quelques jours plus tard,
Dans
le métro, une jeune femme casque dans les oreilles écoutant du jazz. Elle
portait à la main un livre rouge, debout adossée contre la paroi vitrée attendait
l’ouverture des portes. Son ouvrage semblait être important, il ressemblait
plus à un journal intime plutôt à traditionnel livre. Elle sortit du wagon d’un
pas précipité, elle se dirigea vers la sortie quand soudain deux jeunes gamins
renversèrent littéralement la jeune fille au livre rouge. Elle heurta un
libraire ambulant avec son chariot de bouquins puis elle se retrouva plongée au
sol en avant à quatre pattes comme une posture de yoga. Une panique s’empara
d’elle car son journal se retrouvait au milieu de dizaines d’autres semblables
au sien couchés au sol.
-Non !
faut le retrouver. Pesta avec nervosité en direction du propriétaire du
stand.
-Ne
panique pas, ton journal s’est glissé sous le chariot bien avant que les miens
s’éparpillent. Heureusement que j’ai le regard vif. Tiens le voici, et cette
fois soit prudente. On ne sait jamais ce que contiennent ses petits secrets.
En
entendant ses paroles, elle sembla troublée, elle resta muette et avala sa
salive. Elle activa sa cadence rapide, tout en se retournant dans la direction
du libraire. Elle observa son journal le doute encore présent, ses doigts
crispés au livre tout contre sa poitrine. La jeune fille continua son chemin,
grimpa les escaliers du métro. Elle s’arrêta vers un banc sur la place Bellecour
du côté des jets, secoua l’épaisse neige dessus. Elle sortit de son sac un
vieux magasine et s’installa. Ses grands yeux noirs se mirent en recherche
rapide comme un missile chassant une proie. Puis, son corps s’apaisa, son
rythme cardiaque ralentit à l’approche d’un homme vêtu d’un jean et d’un
blouson en cuir. Il se retrouva à face elle, il portait un casque de
moto, elle lui tend le journal et d’un signe de la main le salue d’un
timide bonjour. Aucun mots aucune remarque même si la curiosité brulait sur ses
lèvres. Elle ne connaitra pas le contenu de ce journal. Il reparti
aussitôt sur son engin et s’éloigna. Un instant s’écoula, elle aperçut le petit
libraire ambulant sautillant pour se réchauffer du froid tout e frottant les mains.
Il était tout près de la sortie de la bouche du métro. Une femme rousse,
lui tendit une liasse de billets et d’un geste brut, les glissa dans sa poche
intérieure. Il fila aussitôt puis disparait derrière les capots des voitures au
croisement de la rue de la Barre. Les yeux de la jeune fille cherchèrent la
femme au long manteau, elle s’était rapidement évaporée dans la foule avec son
paquet. La jeune fille resta perplexe devant cette scène loin d’être honorable.
Elle oublia vite les deux individus, se releva puis elle traversa la rue et s’introduit
dans un café avant de regagner un cours de danse.
Au
Même moment une moto se parquait devant un manoir majestueux, une très
belle architecture. Le jeune homme pénétra à l’intérieur longea un long couloir.
Il appuya avec son doigt ganté sur un bouton secret, une étagère glissa devant
lui. Un passage secret était dissimulé derrière la bibliothèque, il
emprunta les escaliers en colimaçon et disparait dans le cœur du sous-sol bien
gardé de la vieille bâtisse. Il remonta des sous -sols aussi rapidement qu’un
éclair à une seule différence, les mains vides. Le petit journal dormait à l’abri
dans les profondeurs du manoir. Il sécha ses larmes, pris une forte respiration,
Il fouilla anxieusement ses poches et sortit son téléphone. Il ouvrit un crochet
de son gant en cuir, le retira puis composa un numéro et d’une voix trouble il
prononça quelques mots.
-
J’ai besoin de ton aide au plus vite. Je t’en supplie viens rapidement.
De
nos jours,
La nuit était la seule partie de la journée qui le rassura par
son côté obscur et mystérieux. Quand il rentra chez lui, Michael retrouvait une
certaine libération. Il se sentait beau, intelligent avec une pointe d’humour
se disait -il tous les soirs devant son miroir. Une jolie feinte pour
tromper le cerveau. Il utilisait et usait souvent ce procédé pour
améliorer sa vie. Ce soir-là noyé au fond de son lit, Michael 26 ans se mit à
penser au lendemain. Dans son esprit, il imaginait décrocher avec une assurance
démesurée une entrevue dans un journal en tant que rédacteur en chef. Il prit
une grande respiration puis expira très fort, il répéta cette action 5 fois. Il
sortit un papier, une liste de mots figuraient dessus, c’était sa liste
d’intention comme il l’appelait.
Il
avait noté avec minution tous ses souhaits bien ancrés dans son subconscient.
Il avait compris que le cerveau lui
fallait en moyenne 21 jour pour assimiler un nouvelle programmation Et tous les
jours fut le même rituel, il lisait cette liste matin midi et soir afin de
tenir un rythme ponctuel et régulier, de cette façon il ne perdait pas son objectif
de vue . Il vivait cette journée positivement avec passion comme si c’était
acquis, il ressentait des émotions joyeuses pour élever ses vibrations. Il prononçait
toutes ses petites phrases très précises, bien étudiées en évitant toutes sortes
de négativités. Il avait foi en ses mots sortant de sa voix sereine et calme,
sans hésitation, on pouvait sentir une inébranlable conviction dans son acte.
Ensuite après cette médiation profonde, il se tourna vers sa table de chevet
s’empara d’une pierre. Pas un caillou vulgaire que l’on peut trouver dans la
rue bien qu’elle aurait fait l’affaire. Il possédait une pierre verte, une
belle gemme lisse et brillante, celle-ci lui convenait parfaitement par sa
couleur et sa douceur au touché. Il ferma les yeux commença la phase de
gratitude tout comme une prière ce fut la fin de ce rituel de grâce. Le sommeil
l’emporta très rapidement, quelques minutes plus tard, peu à peu il entra dans
un rêve très agité. Les insomnies il connaissait, ils frappaient souvent ses
nuits Le corps tendu se retournant de gauche à droite sans retrouver le sommeil
paisible. Soudain Michael se réveilla en sueur en poussant un cri d'angoisse et
la gorge serrée. La nuit fut courte, il se releva et posa ses mains sur ses tempes.
Les pieds engourdis posés sur le sol lui procuraient un léger rafraichissement.
Un mal de crane le paralysa par des élancements courts insupportables comme des
ondes électriques. Il se dirigea vers la salle de bain pratiquement aveugle par
la forte douleur. Devant le lavabo, il se rafraichit le visage, attrapa une
serviette pour se sécher, il ouvrit la porte miroir face à lui qui fait office
d'armoire à pharmacie. Il en sortit un petit flacon de cachets pour mal de tête
et avala un puis deux comprimés suivit d'un grand verre d’eau. Sa montre au
poignet affichait 05h15 du matin le reflet sur son miroir renvoyait fatigue et
poches sous les yeux. Ressaisis -toi mon gars on dirait un cadavre se
disait-il.
Michael
enfila un tee- shirt blanc et emprunta le couloir de l’étage supérieur de
l’appartement duplex. Les murs étaient plutôt couleur crème ornés de tableaux
de peintres impressionnistes tels que Monet avec le pont de Giverny, Edgar
Degas avec La danseuse et la nuit étoilée signée Vincent van Gogh. C’était un
luxueux standing aux grands espaces tout aussi moderne et lumineux. Toutes les
fenêtres offraient une vue époustouflante donnant sur un lac imprenable. Un
sourire se dessina sur ses lèves. Dès qu’il aperçut une petite boule de poils
toute grise allongée au pied de la rampe de l’escalier, c’était Joy son adorable
chat.
-Bah
alors Joy tu m’attendais toi aussi tu as une petite soif. Allez viens mon
vieux.
Ce
dernier suivit aussitôt son maitre. Il remplit les contenants de croquettes et
versa un peu d’eau. Joy tourna autour de lui, en témoignage de remerciement le
chat caressa sa jambe avant de poser ses petits crocs dans sa gamelle. Michael
se servit enfin sa dose de caféine tout en jetant un œil sur les diverses
actualités sur son smartphone.
-Tiens
un message de l’agence de communication ! Oh c’est parfait ! Cela tombe à
pic ? Une très bonne nouvelle pour commencer cette journée.
Il
y a quelques mois encore, il souffrait énormément. Il était incapable
d’articuler un mot. Surement dû à la perte d’un être cher, avec son lot de
tristesse aboutissant au choc émotionnel. On pouvait observer un désordre
dans son esprit fragile. Son cerveau était envahi par les pensées néfastes. Tous
les matins, il se battait contre la société devenue si exigeante face à la
concurrence de notre époque. Jour après jour, il voyageait autour de Lyon,
d’agence en agence pour honorer ses entretiens. Tout ce qu’il désirait était de
gratter le papier c’était son métier journaliste, il a couru tout l’hiver après
des annonces. L’apocalypse fut un moment récurrent chez lui parfois son
entourage se demandait s’il ne se complaisait pas dans cet enfer par plaisir,
il s’infligeait lui-même toute cette négativité absurde l’empêchant de vivre sa
destinée. Depuis la mort de sa mère tout n’était que gouffre, tristesse,
cauchemar et somnifères sans oublier les yeux bouffis cachés derrière ses
lunettes légèrement teintées. Il entretenait une vie sans éclats et insipide,
l’angoisse demeurait son enclos autour de sa réclusion. Voilà le contenu de
sentiments que retenaient certains passagers de sa vie, ses proches ou pire ses
responsables dans le domaine professionnel.
Ils
ne le considéraient pas comme fou mais presque, toutefois inoffensif envers les
autres mais agressif envers lui-même à se torturer encore et encore. Au travail,
il s’épuisait de notes noires et ses pensées ne l’épargnaient guère. Ce fut la
descente aux enfers il ne pouvait plus voir sa page éditoriale ni même écrire
ses articles. Sa personne à elle seule fut un article bien noir ; même son patron
a dû le suspendre puis le licencier. Et toutes ses embauches par la suite ne
furent que des échecs les unes après les autres. Pourtant c’était un brillant
journaliste consciencieux, responsable et professionnel.
L’année
2016 ne lui offrait point de répit, encore moins de chance se disait-il sans
cesse à le répéter comme une ode sortie tout droit des entrailles d’une infâme tombe.
Il côtoyait le sombre et le ridicule, la faiblesse était devenue son habillage
au quotidien à le confondre avec le croque mort de son immeuble de l’agence
funèbre. Michael avait pourtant son mentor près de lui Daniel son voisin, il
affichait un comportement des plus ingrat, il se punissait lui-même de son
devenir. Mais il arrivait par un mystère qui lui était encore complexe et inconnu
à garder au fond de lui un grain de folie et de rêves qui ne restaient qu’à
être maitrisés. Son angoisse cependant balayait tout sur son chemin, son coté
rêveur et positive ne duraient pas longtemps. Alors le songe et l’attitude
positive frôlèrent juste un brin ses espoirs. Il plongeait dans sa noirceur
cynique sans pour autant sans rendre compte. Sa vie ressemblait à une fleur
rare la rose noire des instants ou sentiments égarés. De très longues semaines
ou sa vie fut retranchée sans voir la ville, la vie sociale ne faisait plus
partie de son quotidien. On peut dire que ses deux derniers longs mois furent
très difficiles Et de près inquiétant. Heureusement, il reprit ses esprits, et
se porte beaucoup mieux.
-A
moi ce poste, près de la maison, à deux pas du lac grandiose ! c’est bon job
cette fois ci. Hurla -t-il avec grand sourire.
Au
même moment la sonnette de l’appartement retentit. Michael étonné fronça les
sourcils et se précipita à l’’entrée ouvrir la porte.
-Bon
sang mais que faites-vous devant ma porte à 5H50 du matin. Lâchez -moi un peu
Daniel.
-Bonjour
Fils. Je tenais à te voir pour te parler d’un sujet qui concerne l’immeuble.
-Que
voulez-vous dire ? en quoi cela me concerne C’est votre immeuble, vos affaires
en quoi cela peut me toucher, il n’est même pas 6 heures du mat !!!
-Voilà
je dois m’absenter pour la journée. Quelques changements vont suivre ce
matin. Mon petit tu vas recevoir des
nouveaux locataires à ma place aujourd’hui. Je te confie les clés des
appartements avec tous les papiers. Une petite note concernant ces nouveaux
venus
-Tout
d’abord arrêtez de m’appeler « fils ou fiston ou encore mon petit ». Un
conseil ne me materner pas. Vous n’êtes pas mon père. C’est bon vous avez
imprimé !
-Je
vois que tu n’es pas de bonne humeur ce matin. Que se passe-t-il encore !
Michael
lui tourna le dos et s’installa dans la cuisine.
Il
poussa un grognement.il exprima sans tarder sa joie pour son futur travail.
Daniel reconnaissait bien cet air de désinvolture. Néanmoins, il lui donna une
petite tape sur l’épaule en guise de félicitation. Il avala rapidement un café
avec lui puis se pressa de fuir. Michael lui lança :
-Même
pas un petit mot ou des félicitations comme « je suis heureux pour toi » .
Tu es si froid sous ton costume à 1000 euros. Est -ce trop demander à son
seigneur ?
Daniel
exaspéré par les propos tenus par Michael, déposa les documents sur la table du
salon et s’éclipsa aussi vite. Il ne supporta pas un instant ses manières
sarcastiques. Michael entendit la porte claquer et souffla un coup en plongeant
sa tête dans le journal oublié par son hôte. Cette visite incongrue qui ne l’enchanta
guère, il semblait désemparé. Pour une fois il pensait avoir tout en main
pour décrocher un petit dialogue avec ce dernier. Il avait besoin de se vider
la tête, le seul moyen qui l’aida à évacuer son stress et cette tension fut de
courir une petite heure au lac.
En
cette saison d’hiver, les rues de la petite commune de Jonageville étaient
plutôt calmes. Même si la circulation fut dense et correcte, la rue de l’égalité
ou réside Michael était plutôt en grand mouvement. En ce début d’année, les
employés de la commune s’activaient à nettoyer les sapins laissés en abandon
sur les trottoirs de la ville tout en sachant que les amendes pouvaient
pleuvoir à tout moment. Michael se mit à traverser l’avenue principale Jean
Jaurès d’une petite foulée, il emprunta la rue de l’église qui menait
directement au parc du lac les lagons bleus.
La
ville de Jonageville était un cadre exceptionnel, idyllique située sur les
bords du lac. Elle bénéficiait d’une remarquable position qui offrait aux
touristes un repos paisible à la haute saison. Sans oublier les différentes
excursions, ainsi que de belles promenades sur les sentiers aménagés dans la
petite faune, les estivants raffolaient des belles plages artificielles entourées
de collines. L’hiver était
bien installé avec la neige immaculée et ses éclats lumineux. Toute la
splendeur de l'hiver était présente surtout le froid intense et les branches rachitiques
des arbres enveloppées par l’épaisse neige sans oublier le givre au petit matin.
Arrivé au bord du lac avec un sprint, il respira un grand bol d’air frais à
plein poumon et prolongea le plaisir avec quelques étirements en s‘appuyant sur
un banc. Un habitant lui fit signe de la main, le patron du Jazi bar un café
librairie qui donne face à son immeuble, il promenait son chien avant
l’ouverture de son commerce. Un endroit où le jeune journaliste flânait dans le
coin,et sirotait son café pour
gribouiller quelques mots sur son carnet d’écriture. Un cadre romantique,
poétique pour apaiser les esprits et très apprécié par les clients. Mais c’est
au bord de l’eau qu’il se sentait bien, dans ce lieu loin du flot continu des
touristes venus de part et d’autre contrées lointaines pour admirer la
beauté du lac et ses massives montagnes majestueuses C’est l’endroit parfait
pour lui car le repos s’invitait, il aimait à se perdre dans son esprit voguant
sur les souvenirs gardés de sa mère. Parfois il se plaisait à songer à écrire
son premier roman pourquoi pas le bestseller de l’année. Il s’assit sur le banc
face à l’eau sa mémoire vint le surprendre en observant le lac. Il revit sa
mère Eléonore Legrand, une femme amoureuse de l’art. Elle était propriétaire
d’une galerie d’art installée dans le vieux Lyon très populaire et prisée par
les connaisseurs d’art. Il n’oubliera jamais ce fameux jour ou tous deux
s’amusèrent lors d’une sortie sur les paddles, juste quelques mois avant son décès,
une ne phase encore douloureuse pour lui.
Ce fut
un moment effroyable, il pleurait dans le silence cette regrettable absence.
Cet éloignement le pesa énormément. Depuis plus rien n’avait de sens dans sa
vie. De retour de son jogging, Michael devant son immeuble remarqua une femme à
l’allure irréprochable, d’une quarantaine d’année, très belle et plutôt joviale
en pleine conversation avec le croque mort de la pompe funèbre c’était le nom que
lui attribuait Michael. Son agence funèbre se trouvait au Rez de chaussée de
son immeuble et rien que dans l’idée de voir son local tous les jours cela lui
donnait la nausée. Cet endroit lui rappellerait le décès de sa mère. Au moment
de pousser la porte d’entrée de l’immeuble, une voix plutôt douce l’interpela.
-Excusez-moi
bonjour ! Où puis-je trouver Mr. Daniel Steele ?
-Il
est absent pour la journée lui dit -il tout essoufflé. Puis-je vous aider ?
-C’est
charmant à vous jeune homme. Je me présente madame Hélène Chanti.
Soudain,
il prit conscience que ce nom figurait parmi la liste des nouveaux locataires
sur le dossier que lui remis Daniel tôt ce matin.
-Ho
! bien sûr oui, Madame Chanti très heureux. Je ne vous attendais que cette
après-midi. Mais je vous en prie suivez-moi. Je vais vous faire visitez
l’immeuble et votre appartement.
-Pardonnez
mon avance, Je viens de la région Parisienne.
-Très
bien madame Chanti c’est compréhensible. Ne vous excusez-pas. C’est à moi de
m’excuser j’en ai oublié l’usage de la politesse. Je me présente Michael je
serais votre voisin de palier.
-Alors
enchanté Michael
Michael
avait la charge de faire visiter aux nouveaux venus leurs appartements mais ce
qu’il ne comprenait pas c’est pour quelle raison Daniel eut soudainement l’idée
de louer. Alors qu’il avait rejeté cette possibilité depuis plusieurs années.
Ces appartement vides servaient uniquement à l’usage de ces employés arrivant
des quatre coins du monde pour de courts séjours. Michael continua à faire
visiter l'immeuble mais il ne s’empêcha pas de se poser des questions et
pourquoi madame Chanti qui vivait à priori à Paris, viendrait -elle s'enterrer
dans cette petite commune se demandait-il ? Etait -ce une collaboratrice à Daniel,
une new-yorkaise ou peut -être australienne. Il avait remarqué son accent, et
sans parler des quatre autres locataires dont il n’avait prêté aucune
attention, il n’eut pas véritablement le temps de se pencher sur la liste des autres
occupants Toute cette histoire le troubla un peu. Mais il comptait bien avoir
des explications au retour de Daniel. La relation entre Daniel et Michael
pouvait -être très tendue à la limite explosive par leurs caractères
incompatibles. Ce sont deux personnages complètement différents. L’un plus
mature, sure de lui, possessif et dominateur et l’autre plus jeune un tantinet
naïf et indécis qui manquait beaucoup d’assurance. Il ne voulait jamais suivre
un seul conseil venant de la part de Daniel même si ce dernier a tout mis en
œuvre pour l’aider. Il avait même essayé la thérapie à la suite de la perte de
sa mère. Mais rien a fonctionné au contraire il s’est bâtit une forteresse
autour de lui. Il a même mis en garde à plusieurs reprise Daniel, s’il tentait à
nouveau de le sauver par d’autres actions aussi barbantes et surtout
thérapeutiques qu’il disparaitrait de sa vie.
Quelques
instants après l’arrivée de madame Chanti Hélène, voici le camion de
déménagement de cette dernière qui s’appropriât une place devant l’immeuble.
Elle organisa les ouvriers d’une main de maitre et très professionnelle avec
finesse et diplomatie. Un défilé de cartons et de meubles s’opérait dans le
couloir de l’immeuble. Une organisation bien étudiée s’agitait durant près de
45 minutes. Michael en est resté bouche bée. Il s’approcha de Mme Chanti afin
de lui proposer son aide qu’elle accepta avec plaisir. Elle le sollicita à
déplacer un splendide miroir très imposant, et de le poser au-dessus de la
console près de l’entrée.
-Dieu
qu’il est lourd, vous avez là un magnifique miroir Mme Chanti
-Appelez-moi
Hélène je vous en prie. Merci ce miroir à une grande histoire pour moi.
-J’espère
qu’un jour vous me raconterez cette histoire. Je vois que vous tenez à
l’installer juste à côté de la porte. Ne pensez-vous pas que sa place serait
plutôt au salon. Demanda-t-il avec culot.
D’un
air souriant Hélene lui répondit avec une pointe philosophique que l’entrée
était le domaine de l’eau. Pour ainsi dire Michael était perdu par ses paroles
incompréhensibles avec ses termes sorties tout droit d’un dictionnaire chinois.
Hélène était fascinée par l’art Feng shui et la psychologie humaine. Depuis
quelques années, elle s’était investie complétement dans l’art de maitriser la
médecine de la structure d’un intérieur auprès des particuliers ou des
industriels et entrepreneurs. Elle
mettait un point d’honneur à ne pas confondre avec la décoration d’intérieur.
Elle possédait un diplôme et une formation très complète donné par un maitre de
grand renom à Paris. Elle était fière de ce qu’elle accomplissait car elle
rendait heureux les gens. En parallèle elle incarnait aussi le rôle de
conseillère en image. Mais sa vie n’avait pas toujours été calme et sereine. Il
y a quelques années, Hélène connu des moments très mouvementés coté santé Elle
souffrirait et c’est toujours d’actualité de douleurs musculaires avec des
symptômes similaires à la sclérose en plaque une maladie ne lui laissant aucun
répit. Pour elle, l’essentiel est de bouger le plus possible même si les douleurs
sont permanentes et surtout lors d’un effort physique. Elle se sentait plus
vivante ainsi.
Son
neurologue avait réalisé une timbale d’examens, il en a conclu à une maladie
neurologique non étiquetée comme ils disent dans le jargon médical. Les deux
premières années elle a pleuré toutes les larmes de son corps, Elle ne
comprenait plus son corps ni comment le soulager mis à part toute une caisse de
médicaments rendant encore plus malade qu’ils ne soulageaient. Elle a dû faire
face à de nombreuses difficultés pour se réaliser et d’un grand courage pour se
battre ainsi vivre à nouveau comme tout le monde afin d’atteindre son rêve.
Elle ne voulait pas ressembler à ses gens qui sous prétexte ont du mal à se
mouvoir, se sentent comme prisonniers de leurs murs.
Michael observa en détail les charmants
bibelots, ils étaient nombreux, tableaux ou objets même ceux encore enfouis
dans les cartons. Et soudain une question le tarauda.
-A
quoi voyez -vous si une personne se sent bien ou mal par rapport à un objet Hélène
?
-Quand
une personne m’invite chez elle pour étudier un espace ou une pièce. Il faut
tenir compte de plusieurs paramètres et beaucoup d’attention.
-Vous
avez l’air d’en savoir beaucoup sur la nature humaine. Ajouta Michael.
-Non,
je n’ai pas cette prétention.
Plus
il discutait avec Hélène plus il s’interrogeait sur sa voix comme s’ils se
connaissaient Il ne trouva pas mais rapidement il questionna Hélène.
-Dites-moi,
est-ce est-ce-que nous nous sommes déjà rencontrés ?
-Non
pas que je sache
Michael
avait une bonne mémoire de manière générale, il en démordait pas. Il était persuadé
ne pas se tromper. Il évita donc de s’étendre sur le sujet puis il reprit la
conversation.
-Comment
expliquez-vous que tel objet serait idéal et parfait pour aider certaines
personnes.
-Ho
! très bonne questionne mais encore une fois.
Michael
lui coupa littéralement la parole tout en lui offrant un sourire en ajoutant
-Mais
encore une fois tout dépend des paramètres c’est ça que vous vouliez répondre
-Mon
ami Michael tout est question d’énergie et d’aimer ce qui nous entoure et
surtout ne pas s’encombrer de choses inutiles ou même d’objets brisés.
Uniquement des objets qui inspirent notre vie.
-Oui
j’ai souvent entendu parler de ses choses. Même qu’ils influaient sur notre existence.
Parlez-moi de votre miroir
-Ha
! Le miroir peut apporter une aide fabuleuse en particulier à ceux qui ont du
mal à s’exprimer, s’affirmer. Les gens ont tendance à dissimuler une peur en
eux un manque d’assurance. On peut la surmonter en acceptant qui nous sommes.
Vous savez Michael se sont nos pensées qui régissent notre quotidien. Et j’irai
même jusqu’à dire, les mots utilisés sans qu’on s’en rende compte vont dessiner
notre vie.
-Pardonnez-moi
Hélène mais je ne vous suis pas, quelle est le rapport avec le miroir.
Soudainement
Hélène pris par le bras Michael et le traina face au miroir de l’entrée.
-C’est
simple placez-vous ici devant le miroir. Que voyez-vous ?
-Moi
voyons !
-Mais
encore. Est-ce que vous vous acceptez ? avez-vous confiance en vous ?
Michael
dubitatif devant tant d’interrogations. Elle s’immisçait presque dans son
intimité Il lui répondit le plus simplement
-Je
suis en accord avec moi-même
-Etes-vous
sûr ? aimez-vous ce que vous voyez ?
-Enfin
c’est moi mis à part ces lunettes grotesques qui font de moi un clown mais oui
A
ce moment-là, il se sentit très mal, il pouvait à peine se garder devant le miroir.
S’admirer chez lui c’est une chose mais devant une étrangère c’est gênant Non
pas qu’il avait une mauvaise estime de lui mais il ne se trouvait pas à son
avantage, il n’aimait pas son physique. Il réussit tout de même à se créer une
autre personne dans sa tête. Ce sujet de discussion était un peu de trop pour
lui avec Hélène. Il n’était pas prêt à confier de sa personne.
-Alors
dites le
-Je
vous demande pardon ?
-Vous
avez très bien entendu Michael. Vous savez le plus dure pour dépasser ses peurs
et avoir confiance en soi c’est de s’aimer avant tout.
-Je
commence à saisir
Comment
pouvait-il lui annoncer que tout ce qu’elle disait était son étude, son
rituel journalier et connaissait quelques secrets et peut-être d’avantage. Mais
il choisit de se taire et d’apprendre à connaitre la personne avant de se
confier à sa future voisine.
Michael
avait remarqué certaines choses sur Hélène, la première fut une petite
faiblesse aux niveaux de ses jambes, et son accent plutôt américain que
londonien un langage bien soigné. La dernière chose irrémédiablement se
trouvait dans son élégance. Elle était belle, sensuelle un peu à la beauté
froide. Elle portait un petit tailleur avec un manteau beige, toute une
toilette perchée sur talons hauts. Il était tellement noyé dans ses pensées à
contempler les petites décorations, objets de qualité tout en louchant sur le
physique de la belle Hélène sortie d’un film hitchcockien qu’il n’entendit pas
la sonnerie de l’extérieur.
-Hélène,
pardonnez-moi je dois vous quitter. Si
vous avez besoin de moi, je serai dans l’immeuble pas loin.
-Merci
Michael
Il
se hâta de se rendre à l’entrée de l’immeuble. Il se retrouva nez à nez avec
une femme enceinte, un homme et une jeune femme. Sa surprise fut grande
. Extrait de mon roman Les crimes des esquisses chapitre 1 bientot disponible en librairie pour mi-septembre 2018
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